Cette page parle d’un lieu actuellement en cours de réhabilitation : le Château de la Forêterie, situé à Allonnes, dans le département de la Sarthe (juste au sud du Mans). Si je me permets de donner son vrai nom, c’est qu’il est en réhabilitation depuis 2016, et qu’il ne sert donc à rien d’y aller pour l’explorer comme j’ai tenté de le faire en 2015, année où furent prises les photos que vous verrez plus bas.

Histoire du lieu tirée de la page Wikipédia : à la fin du XIXe siècle, Gustave Avice, banquier d’affaires parisien, souhaite construire une résidence familiale dans la région d’origine de sa famille. Il acquiert ainsi le domaine de la Forêterie et confie à son ami Georges Darcy, architecte en chef des Monuments Historiques, les plans et la direction de la construction en style Renaissance de ce qui va devenir le Château de la Forêterie, en lieu et place de la bâtisse existante.

Les travaux ont lieu de 1895 et 1897, date à laquelle Gustave Avice s’installe définitivement à la Forêterie avec sa famille, avant de devenir maire d’Allonnes de 1899 jusqu'à sa mort en 1913. Jusqu’à l’été 1941, le château est à la fois une demeure et un lieu de villégiature de la famille Avice, et s’inscrit dans la vie culturelle locale en accueillant notamment des artistes de renom à l’époque, tels que le peintre Cormon ou le graveur Le Couteux, qui y finira ses jours. Ci-dessous, des photos probablement prises au début du XXème siècle.















Comme une grande partie du territoire français, la ville d’Allonnes se trouve en zone occupée et les troupes Allemandes réquisitionnent la demeure à la fin de l’année 1941. Le château et les communs sont alors occupés jusqu’à la fin des hostilités, en plusieurs périodes distinctes et par des corps différents. Ainsi un Général Allemand en fait son quartier général en 1942 et des blindés (chars-tigres) y sont parqués en 1944. En mars de la même année, la propriété essuie des bombardements américains en raison de sa proximité géographique avec des sites stratégiques tels que la gare de triage du Mans ou encore l'usine Renault, situés sur l’autre rive de la Sarthe.

Plusieurs dépendances sont détruites ou gravement abimées, et l’on compte de nombreux cratères dans les bois alentours, mais le château est miraculeusement épargné. Le répit est de courte de durée puisque dans la nuit du 8 au 9 Août 1944, une unité de la funeste division Waffen SS «Das Reich» met le feu au château à partir du 1er étage. L’incendie ravage alors l’intérieur de la demeure et emporte également la toiture. Pendant 70 ans, le château est à l’abandon et subit d’importants dommages. Le toit ayant brûlé lors de l’incendie de 1944, la pluie contribue à dégrader et fragiliser le bâtiment, qui est progressivement envahi par la végétation. La première vue aérienne existante (à ma connaissance) date de 1949, ci-dessous.

Ci-dessous, d’autres vues aériennes allant de 1951 à 1992.











Au début des années 2000, un arrière petit-fils de Gustave Avice, François Avice, initie un important projet de restauration avec l’aide de l’architecte Niclas Dünnebacke, et l’architecte des Bâtiments de France Nicolas Gautier, et ce, en dépit de l’état de dégradation avancé de l’édifice. À ce stade, deux phases importantes de travaux se sont succédé, financées par le propriétaire avec le soutien de la DRAC Pays de la Loire, du Conseil Départemental de la Sarthe et dans le cadre du label de la Fondation du Patrimoine. Ci-dessous, des vues aériennes allant de 2006 à 2013.









Nous arrivons alors au 26 Avril 2015, année à laquelle je décide d’explorer ce lieu. Il pleut pas mal ce matin. Il pleut pas mal et il fait un peu froid. Même avec mes bottes, ça gêne un peu. Mes amis et moi espérons que nous pourrons entrer dans le château et y faire des photos au sec. Nous avançons le long d’un chemin, et au loin, on distingue un petit rond rouge posé sur un portail vert : le rond rouge qui indique «Propriété Privée» n’indique en général rien de bon. Ici, pas de «Propriété Privée», mais quelque chose de pire : «Attention au Chien». On fait quoi ? Est-ce qu'il y a vraiment un chien ? Est-ce qu’il est en liberté ? Est-ce que les gens habitent là où n’y a-t-il qu’un vigile, qu’on peut possiblement éviter ?

C’est en passant par la forêt située à côté du château que nous pensons à tout ça, en imaginant que l’exploration risque de ne pas être facile, voire pas possible du tout. Et là seule façon d’en avoir le cœur net, la seule façon de ne rien regretter, c’est d’y aller. Nous empruntons donc un sentier bien mouillé, croisons quelques fraises des bois, escargots grimpant aux arbres et autres limaces, puis parvenons à une clairière, où au loin, devant nous, apparaît le château. Nous repensons au chien : la pluie couvre nos bruits de pas, et le gène peut-être au niveau de l’odeur. Nous voyons le bâtiment de plus près, en le contournant par la gauche car plus loin, sur la droite, nous apercevons une ferme, rénovée, avec deux ou trois voitures garées : il va falloir rester discret.



La première chose qui frappe, c’est la propreté du château. L’édifice en lui-même est assez propre, on voit quelques traces de lierre (mort) qu’on s’est occupé à enlever, et surtout, pas mal de ménage : arbres et arbustes sont coupés tout autour du château, et un grillage est posé avec moult panneaux éloquents, histoire que tout le monde comprenne bien qu’en s’approchant du bâtiment, on met sa vie en danger. Note : J’ai fait ce que j’ai pu pour ne pas obtenir de halo à cause de la pluie : perdu ! Pas mal de mes photos ont un vilain halo bleu. La prochaine fois je prendrais un parapluie. Désolé pour le coté amateur des photos.









Les informations que j’ai pu avoir prennent vie en observant la toiture : un incendie est bien la cause de la disparition du toit et de la noirceur que l’on devine à l’intérieur en regardant à travers les nombreuses fenêtres. Sachant que le lieu n’est plus habité depuis la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, je suis étonné qu'il ne soit pas couvert de tags, la personne m’ayant rencardé sur ce spot m’ayant dit que les enfants jouaient souvent dans ce «château brûlé» dans les années quatre-vingt. Le fait que le château soit situé dans un domaine à priori gardé l’a probablement préservé au fil des années.



Me promenant autour du bâtiment, je croise plusieurs fenêtres/entrées murées. J’ai beau regarder un peu partout, faire le tour deux fois : aucun moyen d’entrer. Et vu le ton des panneaux croisés juste avant, d’un coté c’est pas mal. Je n’ai jamais vu d’écriteaux aussi explicites, le lieu est certainement très dangereux.



On remarque que les débris sont tout de même réorganisés une fois tombés. Bien rangés les uns à coté des autres, c’en est presque rassurant (sauf quand on touche les débris et qu’on se rend compte de leur poids…)







Ci-dessous, une vue de l’escalier menant au promontoire menant à l’entrée est du château. Il y aurait bien moyen d’entrer par le trou que l’on voit en haut, au milieu, mais bon, faut revenir avec une échelle, et… Et les panneaux donnent en fait plutôt envie de ne pas trop rester si près du château : mes photos sont prises dans la zone située entre le grillage et l’édifice, pile là où l’on risque de se prendre une grosse pierre sur la tête.



Ci-dessous, une vue de l’entrée principale du château, coté ouest. Il semble y avoir écrit «AR» ou «RR», en tout cas rien qui ne colle avec les informations que j’ai. On remarque que le château est bien décoré, c’est un endroit magnifique.



Ci-dessous une vue générale qui permet de mieux voir le bâtiment. En bas à gauche de l’image on voit des rondins qui donnent une idée de la taille des arbres qui devaient pousser autour du château (qui du coup doit être presque invisible en été).



Ci-dessous, ce qui a l’air d’être l’ancien paratonnerre. Tombé à terre ou enlevé manuellement ? Aucune idée, mais il est beau, comme le reste.



Ci-dessous, l’intérieur bien sombre du château…



En exploration urbaine, il existe des lieux impossibles à visiter (à moins d’employer certains moyens comme des échelles, des cordes etc). Lorsque nous avons vus qu’il était impossible d’entrer, nous sommes repartis, et à peine après avoir marché quelques minutes, nous avons entendu un chien, apparemment situé près de la ferme où étaient garées des voitures. Château instable, panneaux éloquents, chien, gens vivant à côté (on est quand même sur une propriété privée), voilà un bâtiment qu’il ne sera pas possible d’explorer. C’est quelque fois ça l’exploration urbaine : se déplacer pour rien. Enfin pas pour rien, puisque si l’on n’était pas venus, on aurait jamais su qu’il était impossible d’entrer…



Nous arrivons alors à 2016. Toujours via Wikipédia : cette année débute un important travail de défrichement et afin de préserver la structure du bâtiment, la première grande phase de travaux consiste à redonner une toiture au château. Une nouvelle charpente en bois fidèle à celle d’origine est ainsi inaugurée à l’Automne 2018. Cette même année, l’association des Amis du Château de la Forêterie voit le jour afin de participer au projet de réhabilitation du château, ainsi qu’à la mise en valeur artistique et culturelle et au développement des publics. C’est elle qui gère les différentes animations organisées sur la propriété en lien avec le propriétaire, les porteurs de projets et les collectivités partenaires comme la Ville d’Allonnes. Ci-dessous, le lieu en 2017 :



Toujours via Wikipédia : depuis que le bâtiment a été libéré de la végétation et sécurisé, il ouvre ponctuellement ses portes au public dans le cadre de visites guidées, notamment pour les Journées du Patrimoine. Depuis 2017, la ville d’Allonnes organise chaque été une séance de cinéma en plein air, devant le château. En 2018, la municipalité installe un panneau d’information consacré au Château de la Forêterie, visible depuis le Boulevard Nature situé en contrebas de la propriété, le long de la Sarthe. Ci-dessous, une visite officielle du lieu (2018) :



Depuis 2019, une deuxième phase de travaux se poursuit dans la continuité de la première, afin de protéger définitivement l’édifice des intempéries. Cette nouvelle étape consiste à restaurer ou remplacer les pierres d’encadrement des ouvertures selon leur état, puis à réinstaller des menuiseries sur chaque ouverture. Au terme de cette étape qui devrait s’achever début 2021, le château sera totalement protégé de l’environnement extérieur. Ci-dessous, le lieu en 2019 :







Ci-dessous, deux photos tirées de cet article.



Ci-dessous, une photos tirée de cet article.



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